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L'eau, l'élevage et la qualité du Koi.

L'élevage.

Comme expliqué dans une autre page, il y a 200 ans, des koï ont mutés et des variétés avec des taches de couleur sont apparues. L’élevage et la sélection de ces poissons a ensuite commencé. C’est le début des Nishikigoi, qui, à cette époque étaient réservés aux riches et à la noblesse japonaise.
Durant la période « Meiji », (entre 1868 et 1912), les plus beaux Koï qui existaient ont été présentés au public et une variété comme le Kohaku a été créée.
L’exposition de Taisho c'est tenue en 1914 durant la 3ème année de l’ère « Taisho » (entre 1912 et 1924). C’est à ce moment que les Nishikigoi ont commencé à devenir plus populaires, les variétés produites et stabilisées durant l’ère « Taisho » sont le Taisho Sanshoku (Sanke), le Shiro Utsuri, le Ki Utsuri et l’Asagi.
Durant la période suivante, l’ère « Showa » (entre 1925 et 1989), les Showa Sanshoku, les Kin Uchiwa, les Kin Kabuto furent créés.
Durant la 7ème année de l’ère « Showa » (1932), l’élevage et la recherche sur les Nishikigoi est devenu une activité à temps plein à Niigata.
La création des Doitsugoi par le croisement d’un Nishikigoi avec une carpe Allemande Doitsu a créé deux familles de Koï : la « Kawagoi » (carpe cuir qui n’ont pas d’écaille le long des lignes latérales et peu d'écaille également le long de la ligne dorsale) et la « Kamamigoi » (carpe miroir qui a de grandes écailles le long de la ligne dorsale).
En 1920, en vue d’obtenir un poisson doré, une carpe sauvage dorée fut croisée avec un Koï et, en 1946, le premier « Ogon » (Koï d’aspect métallique) apparut.
Pendant la deuxième guerre mondiale, l’élevage et la sélection ont été temporairement suspendus mais, avec l’introduction du Nezu Ogon, la famille des Hikarimono est née et cela a amené l’âge d’or du Nishikigoi.
Avant cette période, le prix de vente des poissons était estimé simplement en fonction de la quantité et de la taille des animaux, peut importe qu’ils soient mâles, femelles, avec un beau dessin ou pas.
Entre 1955 et 1970, beaucoup d’anciens fermiers se sont reconvertis dans l’élevage des Nishikigoi et ont fait fortune dans ce marché qui, à l’époque, était principalement centré sur le Japon. Cette période marque un changement de mentalité car les amateurs sont devenus plus difficiles. Des clubs se sont formés, des expositions ont eu lieux, les critères de sélection ont aussi changés.
Les femelles devenaient par exemple, préférées aux mâles, certaines variétés ont été préférées à d’autres. Résultat, beaucoup d’éleveurs se sont retrouvés avec énormément d’invendu dans leurs bassins, ce qui a fait fortement chuter leurs bénéfices. Certains éleveurs ne se sont pas adaptés et ont disparus, d’autres ont persévéré et se sont adapté en sélectionnant beaucoup plus leurs poissons pour en améliorer la qualité. Les ventes ne représentaient plus que 5% de ce qu’elles étaient avant, ce qui a amené une très forte augmentation des prix.
Dans les années 1980, la qualité du poisson détermine son prix, mais un autre problème va surgir, c’est une énorme crise économique au Japon. Cette crise a fortement fait diminuer la demande locale et à cette époque, 70% de la production était vendue au Japon.
Les éleveurs ont encore dû changer, beaucoup d'entre eux se sont retourné vers l’étranger. Actuellement, les chiffres sont inversés et près de 70% des poissons sont vendus à l’exportation.
Il existe plus de 80 variétés différentes de Nishikigoi, l’INPC (International Nishikigoi Promotion Center) va en fixer 26 appelées variétés fixes, les autres étant des variations de ses mêmes variétés fixes.

Les 26 variétés fixes sont :
  1. Le Kohaku
  2. Le Sanke
  3. Le Showa
  4. Le Tancho.
  5. Shiro Utsuri
  6. Le Bekko
  7. L'Aka Matsuba.
  8. Le Asagi.
  9. Le Shusui.
  10. Le Koromo.
  11. Le Goshiki.
  12. Le Kujaku.
  13. Le Gin Matsuba.
  14. Les Ogon.
  15. Le Platinum.
  16. Le Hariwake.
  17. Le Yamato Nishiki.
  18. Le Kin Showa.
  19. Le Kin Ki Utsuri.
  20. Le Kikusui.
  21. Le Chagoi.
  22. Le Ochiba Shigure.
  23. Le Benigoi.
  24. Le Kigoi.
  25. Le Karasugoi.
  26. Le Kumonryu.

Au Japon, les éleveurs de Koï sont appelés « Koishi » et les marchands « Koiya ». Les Koishi cherchent toujours comment développer ou améliorer les poissons et sont très heureux quand ils réussissent à créer ou à stabiliser une nouvelle variété pendant que le Koiya cherche à travers tout le Japon les plus beaux exemplaires de Nishikigoi pour présenter la meilleur qualité possible à ses clients.
Koishi et Koiya, se sont fortement impliqués dans la création du « meilleur Nishikigoi » et ils sont responsables du développement et de la distribution des magnifiques variétés actuelles.
Les Nishikigoi Japonais ont été créés et élevés par des personnes qui ne considèrent pas les Koï uniquement comme un business mais en sont de vrais passionnés. Le succès commercial peut aussi arriver au Koishi qui a créé le plus beau Nishikigoi et au Koiya qui a récolté les plus beaux poissons.
Les Nishikigoi sont maintenant élevés dans de nombreux pays tels que : Israël, Taiwan, La chine, les Etats Unis, etc...
L’élevage des Koï est bien développé au Japon dans des villes comme Niigata, car là, ils trouvent un environnement très calme, des Mud ponds avec une argile de qualité et une eau pure provenant de la fonte des neiges.
Pour bien réussir un élevage de Koï, il faut trois conditions, le calme, la quiétude et des Mud ponds de qualité d'une eau exceptionnelle.
Les Nishikigoi seront élevés du printemps à l’automne dans des Mud ponds calmes et entourés de montagnes. Certain Koï vont passer entre 7 et 8 ans dans ces étangs.
Ce qu’il faut noter, c’est qu’il n’y a pas de courant dans ces étangs, l’eau ne coule pas comme dans une rivière, les Koï grandissent dans un étang calme.
Pour avoir un corps parfaitement conforme, ils doivent vivre dans un tel environnement.
Ce n’est pas une bonne idée de créer un courant plus important que nécessaire quant vous élevez des Koï.

Narita

Narita

Les Koi sont souvent nombreux dans les bacs des éleveurs. Ici, nous somme chez Narita.
Photo Thanks to Aquatechnobel

Quelques exemplaires de la production de Narita.
Photo Thanks to Aquatechnobel

La qualité des koi.

Dans le monde du Koï, il existe un genre de « statut social » pour classer les variétés, « Gosanke » est le mot qui exprime ce statut.
Le terme « Gosanke » englobe : les Kohaku, les Sanke et les Showa, en d’autre mots, ces trois variétés ont le plus haut statut dans les Nishikigoi.
Les variétés sont classées dans cet ordre : Le Showa, Le Sanke, le Kohaku, Le Shiro Utsuri, le Goromo etc.
Il est difficilement pensable que tous les Koï proviennent d’une carpe noireà l’origine. Un couple de parents peut produire jusqu'à 300.000 alvins, les éleveurs n’ont qu’à trouver parmi autant d’alvins le Koï unique et ensuite le faire grandir jusqu'à ce qu’il puisse se reproduire et ainsi de suite. Jamais un autre poisson n'a été croisé avec un Koï pour obtenir cette superbe coloration, les croisements ont uniquement concerné les « Carpes ».
Le Shiroji (la couleur blanche) des Koï doit toujours être blanche comme neige, la beauté de cette couleur est toujours la première priorité lors de l’évaluation du poisson.
Cette couleur blanche que nous appelons « fond » ou « couleur de fond » est très importante, il faut se mettre dans l’esprit que le blanc est une couleur aussi importante que toutes les autres, telles que le rouge ou le noir. Elle n'est pas seulement une couleur de fond sans importance car elle va mettre le rouge (Hi) en évidence.
Pour avoir un Shiroji de qualité, le poisson doit être en bonne santé, s' il est malade, le Shiroji peut devenir jaunâtre, les qualités de l’eau et de la nourriture doivent être excellentes.
Pour que les taches Hi soient vraiment rouges, le poisson a besoin d’un pigment appelé « Carotène », ce pigment, il ne peut pas le produire lui-même, il a donc besoin de l’absorber via son alimentation. Les fabricants de nourriture utilisent de la « spiruline » pour fournir le carotène au poisson.
Le Fukurin va encore améliorer la qualité du poisson, quand l'animal est petit, ses écailles sont très proches les unes des autres et sont séparées par une fine ligne. Lorsque le poisson grandit, l’espace entre les écailles s’agrandit, ce qui laisse apparaître un dessin en forme de filet sur le corps du poisson, c’est le Fukurin.
Une des raisons de la difficulté de l’élevage des Koï est qu’il faut les faire grandir en favorisant au maximum leurs potentiels, c’est un challenge à accepter si on veut élever ce poisson.

Le plus important et le plus difficile est d’évaluer la beauté des Nishikigoi, deux Koï ne sont jamais les mêmes, il y a beaucoup de Koï à 100€, beaucoup à 1000€, mais, même si les prix sont les mêmes, la beauté n’est jamais la même. Si à première vue ils semblent identiques, un Koï a toujours un point fort et un point faible, il y a toujours de subtiles différences et il faut un œil averti pour les voir.
Il y a trois critères pour évaluer la beauté d’un Nishikigoi :
La silhouette du corps (Body) , la qualité (Quality) et le dessin (Pattern).
La qualité se réfère à plusieurs critères, la forme du corps, le dessin, les couleurs, les écailles, la peau et la lignée.
La première priorité est la forme du corps, ensuite, la qualité, et pour finir, le dessin. Si un Koï n’a pas une forme de corps intéressante, même si il est de qualité et que le dessin est beau, il ne gagnera jamais un premier prix.
Les dessins des Koï sont définis par la nature et le hasard, ils ne sont absolument pas sous le contrôle des éleveurs, il y a des dessins qui ont une grande chance d’apparaîtrent et d’autres, qui sont beaucoup plus rares, comme par exemple : un motif Inazuma d’un rouge profond parfaitement centré sur le dos.
Pour comparer deux Koï au point de vue beauté, on peut utiliser la méthode de la « Séparation », cela consiste à séparer le poisson en quatre parties :
La région de la queue, le dos, les épaules et la tête.
Ensuite on compare les deux poissons section par section.
Si vous passez plusieurs années à étudier les koï, vous allez finalement comprendre la beauté du blanc. Au début on étudie le Hi, ensuite le Sumi et finalement on étudie le Shiroji.
Quand vous comprenez l’importance du Shiroji, vous pouvez vous considérer comme un amateur averti.

Omosako

Sakai

Chaque poisson doit être examiné.
Photo Thanks to Aquatechnobel

Les Kohaku de chez Sakai sont réputés.
Photo Thanks to Aquatechnobel

Les koi et l'eau

L’eau fait partie de l’univers du Koï, il est donc ultra important de conserver une eau de qualité.
L’eau est fortement liée aux fluides internes du poisson car seulement quelques cellules séparent le poisson de l’eau, elle a donc une grande importance sur la chimie interne du poisson.
C’est aussi via l’eau, que le poisson peut puiser l’oxygène nécessaire à sa survie.
Deux petits rappels :
  1. La diffusion est le mouvement des molécules d’une zone de forte concentration vers une zone de plus faible concentration.
  2. L’osmose est le passage de l’eau à travers une membrane telle qu’une cellule de branchie depuis une solution diluée vers une solution plus concentrée.
Les koï ont une concentration en sels plus importante dans leur corps que dans l'eau, ce qui veut dire que par phénomène d’osmose, de l’eau entre en permanence dans le poisson et, par diffusion, des éléments quittent en permanence le poisson car les concentrations en sels vont essayer de s’équilibrer, ces phénomènes expliquent la relation intime entre l’eau et le poisson.
Le Koï est donc en permanence occupé de conserver ces équilibres entre la concentration interne et externe via ses branchies.
La nature ayant bien fait les choses, le Koï est capable d’évacuer l’eau via une urine très diluée pendant qu’il contrôle sa concentration en sels via ses branchies.
Le Koï est un animal moins évolué que les mammifères, il a une adaptabilité à son environnement qui est plus faible et il peut rapidement succomber à un gros déséquilibre.
Dans la nature, il y a une relation complexe entre l’atmosphère et la surface de l’eau, le travail des algues et d’autres cycles qui transforment de la matière (cycle du carbone, cycle de l’azote). Les rivières, les océans, les chutes de pluies, l’eau est très ouverte vers son environnement.
L’étang artificiel ne fait pas partie de ce grand principe de rénovation naturelle de l’eau, il n’incorpore que quelques éléments naturels, c’est surtout un circuit fermé qui ne peut compter que sur son volume propre pour se maintenir en état. Un étang est toujours en surpopulation, ce qui rend une épuration naturelle impossible.
Attention aux variations de pH, les bactéries de la filtration n’aiment pas un pH sous 6.5.
La lumière naturelle est aussi très importante, elle permet au Koï de produire certaines vitamines et elle permet aussi la croissance de certaines algues que les poissons vont manger et qui leur apporteront les minéraux indispensables. C’est la raison pour laquelle les élevages aux Japon se font dans des serres chauffées, même si un bâtiment de brique permettrait des économies d’énergie, l’apport de la lumière du jour est irremplaçable et la santé des poissons en dépend.
Au Japon, certaines régions sont plus propices a l’élevage de certaines variétés que d’autres, L’argile des Mud pond peut avoir une qualité différente d’un endroit à l’autre.
L'élevage de Koi de qualité n'est pas simple, par exemple, dans la petite Ojiya City à Niigata, certaines zones sont plus propices à l’élevage de certaines variétés :
  1. La zone d’Uragata est bonne pour les Taisho Sanshoku.
  2. La zone de Jyunidaira est propice au Showa Sanshoku.
  3. La zone d’Uonuma est favorable à l’Asagi.
  4. Celle de Teradomari est idéale pour le Shiro Utsuri.
Une eau de qualité produit des Nishikigoi de qualités, la qualité du blanc (Shiroji) est fortement influencée par les qualités de l’argile et de l’eau dans lesquelles le poisson grandit.
L’eau a une énorme influence sur le Koï, toute personne qui apprécie et élève des Koï devrait en tenir compte.

30/03/2008
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