III. Analyse des étiquettes et
des informations fournies par le fabricant.
Les informations reprises sur
les étiquettes sont minimalistes. On n'y retrouve que deux types de données :
-
Celles que le fabricant est légalement obligé
d'inscrire :
o
L'analyse brute moyenne (le pourcentage des
différents éléments de base tels que les taux de protéines, lipides,
vitamines, …).
o
La composition (on y indique le type
d'ingrédient utilisé mais en général sans information précise sur les
proportions utilisées).
o
La date de péremption.
-
Les informations commerciales destinées, soit à faire
vendre, soit à informer sur une particularité ou sur le mode d'utilisation du
produit.
Dans les deux cas, ces
informations ne sont jamais suffisantes pour s'assurer de la qualité de
l'aliment. Elles donnent toutefois des indications précieuses et permettent
au moins d'exclure ce qui est inadapté.
A.
L'analyse brute.
C'est
une des informations importante. Elle nous renseigne sur la quantité de
certains éléments de base. Elle ne détaille par contre, ni la composition,
ni la qualité de ces éléments. On sait par exemple, qu'il y a 4 % de
lipides mais on ne sait pas quelles en sont les proportions ni si certains
lipides essentiels sont présents.
L'étiquette indique toujours les taux de :
1.
Protéines.
C'est
le constituant essentiel de la matière vivante (animale et végétale) et
c'est donc logiquement le nutriment que l'on va retrouver dans la plus
grande proportion (suivant les périodes les Koïs ont besoin de 30 à 38% de
protéines soit environ 1/3 de la ration). C'est aussi le plus cher …
En
schématisant, on peut dire que les protéines sont constituées d'un
assemblage de briques appelées les acides aminés. Ce sont ces
briques que le poisson utilise pour réparer, entretenir ou construire
(croissance, production sexuelle, …) ses tissus ou ses organes.
La Koi a besoin d'une vingtaine
d'acides aminés différents. Elle sait en fabriquer une dizaine (en
transformant d'autres acides aminés ou en les élaborant à partir d'autres
nutriments) mais l'autre moitié doit lui être apportée telle quelle (ce sont
les acides aminés essentiels). Les besoins ne sont pas les mêmes pour
chacun de ces acides aminés. La proportion en acides aminés des ingrédients
utilisés dans la composition des aliments est variable. Ce qui fait la
qualité de l'ingrédient protéique, c'est cette proportion qui doit être
proche des besoins réels du poisson.
Les acides aminés, évoqués
plus haut en tant que constituants structurels des organes, peuvent aussi,
en cas de besoin être utilisés comme énergie. Dans ce cas ils ne sont plus
disponibles en tant que briques puisqu'ils vont être détruits ou
transformés. C'est évidemment du gaspillage et il faut les épargner en
donnant au poisson une autre source d'énergie plus facilement utilisable et moins chère (les lipides et surtout les carbohydrates).
Il
faut donc des protéines et de l'énergie. Mais pas en n'importe
quelle proportion. S'il y a trop peu d'énergie, le poisson va "consumer"
ses acides aminés. S'il y a trop d'énergie, le poisson risque d'être
rassasié avant d'avoir absorbé suffisamment de protéines. L'excès de
protéines (ou de l'un ou l'autre acide aminé) est également nocif, le
poisson va utiliser ce dont il a besoin structurellement et "brûler" le
reste en rejetant de l'azote qui polluera notre étang (c'est lui qui génère
l'ammoniaque, les nitrites et les nitrates !). Dans tous les cas, il y aura
gaspillage de nourriture (et donc pollution) et mauvais état général des
poissons.
En
résumé, un bon aliment devra être fabriqué à partir de bonnes protéines
(c'est à dire composées d'acides aminés dans les proportions les plus
proches des besoins du poisson), dans des quantités adaptées aux besoins et
accompagnées des bonnes proportions de lipides et de carbohydrates pour
l'énergie. Malheureusement aucune de ces informations qualitatives n'est
disponible pour le consommateur.
2.
Lipides.
Ce
sont les corps gras : huiles et graisses animales ou végétales.
Contrairement aux protéines une grande partie des lipides va être utilisée
pour ses apports en énergie. Leur qualité n'en est pas moins essentielle
car, comme on l'a vu plus haut, de nombreux lipides sont indispensables pour la
structure ou le bon fonctionnement de l'organisme. C'est le cas notamment
des acides gras insaturés que l'on doit retrouver dans des proportions
précises qui varient pour chaque espèce de poisson (encore un argument pour
bien s'assurer que l'aliment est bien formulé pour les cyprins d'ornement).
Comme
pour les protéines, le fait d'en avoir beaucoup n'est pas une garantie
d'avoir tout ce qu'il faut. Au contraire, des excès ou des mauvaises
proportions de l'un ou l'autre élément conduisent rapidement à des troubles
métaboliques tels que la dégénérescence graisseuse du foie; problème
fréquemment rencontré chez les poissons d'élevage dont font partie nos
cyprinidés.
Les
aliments pour Koïs et poissons rouges ont en général 4 à 10% de lipides,
parfois plus pour les aliments d'hiver.
3.
Carbohydrates.
Ce
sont les sucres. C'est la source énergétique la plus répandue et la moins
chère. Ce sont ces sucres (principalement d'origine végétale) qui sont
utilisés pour épargner les protéines grâce à l'énergie facilement utilisable
qu'ils contiennent. Ici, c'est la quantité qui joue (ni trop ni trop peu
comme expliqué plus haut), la qualité ayant moins d'importance. En effet,
le mode de préparation des aliments flottants transforme les sucres
peu digestibles (l'amidon par exemple) en sucres plus facilement
assimilables pour les Koïs (ce sont les gélatines qui servent aussi à la
cohésion des granulés). L'utilisation des aliments plongeants n'est pas
contre-indiquée mais un aliment flottant sera mieux utilisé par nos poissons
du point de vue des carbohydrates.
4.
Vitamines.
Le
problème des vitamines réside dans le fait qu'elles sont fragiles. Une
partie est détruite pendant la fabrication des aliments, durant le stockage,
… Les fabricants contournent cette difficulté en élaborant des aliments"
trop" riches en vitamines afin de s'assurer que même suite à la destruction
d'une partie, il en reste suffisamment assez. Souvent, il n'y en a jamais
de trop, nos poissons ayant toujours tendance à ne pas en avoir assez (c'est
la cas de la vitamine C). Les hypervitaminoses existent mais sont
exceptionnelles et impossibles avec les aliments que l'on trouve dans le
commerce actuellement. Les taux de vitamines repris sur les étiquettes
devraient être compris entre :
7000
et 25000 UI/Kg pour la vitamine A (des excès néfastes existent).
UI=1000 et 2500 UI/Kg pour la
vitamine D3 (des excès néfastes existent).
Unité Internationale
80 et
250 mg/Kg pour la vitamine E (elle protège les lipides, il en faut donc plus
si le taux de lipides est plus élevé).
50 et
1000 mg/Kg pour la vitamine C (plus il y en a mieux c'est).
5.
Minéraux.
Ici
encore c'est la proportion des différents minéraux qui importe. Il est
pourtant difficile de préciser les besoins réels de nos poissons car ceux-ci
peuvent en prélever une partie directement dans l'eau via les branchies.
D'une manière générale la composition en minéraux n'est pas clairement
indiquée sur les étiquettes si ce n'est occasionnellement pour le calcium et
le phosphore. Ce n'est donc pas un critère de choix ou d'exclusion de l'un
ou l'autre aliment, ce qui est à déplorer car je suis convaincu que certains
sont mal équilibrés.
Exemple d'analyse moyenne brute d'un aliment d'été de bonne qualité.
Protéines brutes |
33 à 40 % |
Matière grasse brute |
4 à 6 % |
Cellulose brute |
env 4% |
Cendres brutes |
env 7% |
Humidité |
env 10% |
Vitamine A |
env 20.000 UI/Kg (min. 7500) |
Vitamine D3 |
env 2000 UI/Kg (min. 500) |
Vitamine E |
min 80 mg/Kg |
Vitamine C |
min 500 mg/Kg (le plus possible) |
Vitamine B1, B2, B6, B12, K, PP, méthionine, cystéine,
oligo-éléments, minéraux, … |
Spiruline ET pigments carotènes |
A.
La composition (ingrédients utilisés).
Quelques remarques préalables :
-
L'ordre dans lequel les ingrédients sont énumérés
n'est pas lié au hasard : ils sont listés selon leur quantité dans
l'aliment. L'ingrédient qui se retrouve dans la plus grande proportion y
est inscrit en premier.
-
On retrouve fréquemment les termes de farine et d'huile. Ceci est lié au mode de préparation : le fabricant va mélanger des
ingrédients qu'il achète souvent sous forme de farine ou d'huile facile à
transporter, à stocker, …
-
On peut aussi lire le terme de "premix". Ce sont des
pré mélanges ajoutés tels quels pour équilibrer la recette. Ils se
présentent également sous forme de farine (spiruline) ou de suspension
huileuse (pré mélange de vitamines ou de pigments par exemple).
En
regardant cette liste de plus près, on y retrouve :
-
les ingrédients de base : produits animaux et/ou
végétaux,
-
les ajouts ou additifs qui équilibrent, compètent ou
améliorent la préparation (vitamines, pigments, colorants, spiruline, …).
1.
Les ingrédients de base
Toujours listés en premier car ils forment la base de la recette. On les
retrouve crus, sous forme de farines, d'huile, de graisse, de concentrés …
Il s'agit de :
-
produits animaux : poisson ou crevette (il faut
proscrire la viande et la volaille),
-
produits végétaux, principalement céréaliers, tels
que le blé, le maïs, le soja, la luzerne, …
-
des levures (généralement des restes de brasserie).
Tous
contribuent aux apports finaux en protéines, lipides, carbohydrates,
vitamines, … mais en proportions et en qualités très variables.
Le
poisson est souvent l'ingrédient principal mais il arrive que les céréales
se retrouvent en plus grande quantité ou qu'un aliment ne contienne pas ou
peu de protéines animales (il ne faut pas oublier que nos Koïs sont omnivores
et consomment beaucoup de végétaux).
Une ration trop végétarienne
doit toutefois n'être réservée qu'aux périodes froides car les céréales,
riches en carbohydrates, sont bons fournisseurs d'énergie mais moins bons
pourvoyeurs d'éléments structurels de bonne qualité (un poisson trouvera des
briques en proportion plus adéquate dans une protéine de poissons que
dans une protéine végétale). Un aliment d'été doit donc contenir un apport
minimal en poisson, même s'il est très céréalier. En général, on retrouve
une proportion un peu plus faible en ingrédients d'origine animale qu'en
produits d'origine végétale.
Comparaison
des taux moyens de protéines, lipides et énergie de quelques ingrédients
entrant dans la composition des aliments pour cyprinidés :
Ingrédient |
Protéines (%) |
Lipides (%) |
Energie (Kcal/g) |
Farine de poisson blanc |
62 |
11 |
4,5 |
Concentré de protéine de poisson |
80 |
0,3 |
4,3 |
Farine de blé |
18 |
6 |
4,1 |
Levure de brasserie déshydratée |
45 |
0,4 |
4,3 |
Germe de soja (dégraissé) |
25 |
1,8 |
4,1 |
1.
Les ajouts et additifs.
Ne
pas confondre pigments et colorants.
Il
est en effet essentiel de les distinguer. Les pigments sont des substances
assimilées par les cyprins d'ornement (pas par la carpe commune) qui les
utilisent notamment pour colorer la peau. En cas de carence en pigments,
les Koïs ne peuvent développer leurs belles couleurs que nous admirons avec
tant de plaisir.
Les
colorants ne servent par contre qu'à colorer les aliments dans un but
commercial. Ils sont inutiles (et certains néfastes) pour les poissons.
Bref, il faudra choisir un aliment riche en pigments (caroténoïdes
essentiellement) et idéalement sans colorants (la couleur d'un aliment sans
colorants varie en général du jaune au brun).
Les
pigments caroténoïdes le plus souvent ajoutés à l'aliment sont l'asthaxanthine,
la canthaxanthine, la zéaxanthine, la rutine, … Leurs couleurs (celles
qu'ils donnent au poissons) varient du rouge au jaune suivant le pigment
utilisé.
La
spiruline.
La
spiruline est une algue filamenteuse vert-bleue fréquemment incorporée dans
les formulations pour Koïs. Elle est en effet riche et bien équilibrée en
éléments essentiels (acides aminés, lipides et carbohydrates). Mais elle
est aussi riche en vitamines, minéraux et en pigments. Elle a la réputation
(fondée) d'augmenter la croissance, la coloration, la fertilité, l'immunité
(et donc la santé), la digestion, …
Comme
pour les autres ingrédients, point trop n'en faut : les excès de spiruline
sont néfastes notamment pour le foie. Elle serait aussi responsable de l'Hikkui
tant redouté des amateurs de beaux spécimens. La majorité des fabricants
d'aliments utilisent la spiruline comme seul apport en pigments caroténoïdes
mais pour arriver à des concentrations suffisantes en ces pigments, ils
n'ont comme seul choix d'augmenter la quantité de spiruline qui finit par se
retrouver en excès (c'est le cas de plusieurs "grandes marques"). Pour ma
part, j'utilise un aliment enrichi en caroténoïdes complété par des apports
plus faibles en spiruline afin de profiter de ses qualités sans la
distribuer en excès. Malheureusement, ce type d'aliment n'est pas très
répandu sur le marché.
Les
vitamines et minéraux.
En
général ils se présentent sous forme de premix contenant diverses vitamines
dans un seul mélange. Certains fabricants nous informent que telle vitamine
est traitée contre l'oxydation, telle autre est pré activée ou plus
facilement assimilable, … D'autres ne donnent que les quantités minimales
garanties en vitamines et minéraux (voir section traitant de l'analyse
brute).
Les
autres additifs (antioxydants, conservateurs) ont pour but de prolonger la
période de stockage du produit. On retrouve parfois d'autres additifs
sensés améliorer la préparation ou à attirer le consommateur.
Quelques ingrédients entrant dans la fabrication des granulés du
commerce (frais, cuits, sous forme de farines ou d'huiles, …) :
poissons, crevettes, grains de céréales, blé, germe de blé, tourteaux
de soja, luzerne, maïs, levure de brasserie, concentré de protéines de
poisson, composé vitaminique, spiruline, pigments caroténoïdes,
produits et graisses oléagineuses, antioxydants, colorants, … |
|